Bourg-don

|  Requalification du quartier historique du Bourg  |  Concours de projet et d’idées  |  En collaboration avec Agnès Collaud, Florent Gachoud et Sébastien Tripot  |  Revitalisation et aménagements urbains  |  Fribourg (Suisse)  |  2016  |

L’idée fondatrice du projet est de redonner au quartier du Bourg son homogénéité perdue avec l’essor de la motorisation et de favoriser la lisibilité déambulatoire de ses espaces publics. A la fois iconoclaste et conservatrice, la nouvelle identité du quartier se matérialise par une grille régulatrice s’adaptant aux différentes configurations et ambiances qui animent le quartier.

Issue de la réinterprétation du tracé du parcellaire de la rue de Romont et de la rue de Lausanne, la grille s’inscrit dans la continuité de ces deux passages privilégiés guidant à l’ancien centre-ville. En faisant table rase du revêtement de sol morcelé, la grille dissipe le marquage superflu des voies motorisées et redonne un seuil aux monuments et commerces, comme une invitation aux activités internes à prendre part à la rue.
La grille s’adapte aux spécificités et à la fonction des lieux, laissant d’une part vagabonder son motif et l’asphalte dans les zones de passage, et d’autre part, en resserrant ses mailles dans les zones d’attraction publique, cristallise son motif autour des pavés existants. Les pavés historiques sont ainsi préservés et introduits dans le nouveau tissu, en soulignant le patrimoine bâti.

La stratégie de la grille favorise en outre la métamorphose progressive du quartier par phases de construction distinctes. Ainsi, au fil de l’achèvement de chaque secteur et place, divers événements populaires pourront se dérouler et instiguer la réappropriation du Bourg par sa population, sans pour autant perturber le déroulement des travaux à venir. Par exemple, la place Sainte-Catherine (première à être inaugurée) se muera en un lieu de rencontre et d’échange en lien direct avec l’ancienne poste, dorénavant maison de quartier et véritable condensateur sociale de la vie locale.

Les abords de la cathédrale sont dégagés de toutes places de parc afin de libérer des espaces piétonniers. Les 59 places actuelles bordant la cathédrale sont relocalisées de l’autre côté du pont Zaehringen.
85 places de parc sont laissées à disposition des habitants dans le quartier du Bourg.
128 places sont déplacées dans l’agrandissement en « sac à dos » du parking de la Grenette.
119 nouvelles places sont crées sous la bute du Kybourg, au bout du pont.
Ces deux parkings se noient dans la végétation afin de rester le plus discret possible.

Les bus circulent dorénavant uniquement par la rue des Chanoines et cèdent ainsi la rue des Bouchers aux piétons. Les arrêts de bus se lovent sous les arcades existantes afin de limiter leur impact visuel et de réactiver ces lieux de passage couverts.
Ces mesures de mobilité réaffirment l’échelle résolument humaine et de rencontre du quartier.

A l’extrémité du pont Zaehringen, un téléphérique associé au nouveau parking connecte le quartier du Bourg à la basse ville. Attrait touristique comme pratique, il permet de désengorger le trafic de la basse ville et de redynamiser le pont tout en offrant une vue imprenable sur les falaises et le cœur médiéval de Fribourg.

Initialement le pont Zaehringen connectait le quartier du Bourg à la campagne avoisinante. Aujourd’hui, ce lien a disparu au profit de l’étalement urbain et des véhicules motorisés, éloignant les cultures de la cité.
Le projet propose d’exhumer la fonction nourricière du pont en introduisant verdure et potagers participatifs en souvenir de sa fonction primaire. Le pont se lit alors comme une promenade panoramique, ponctuée d’arrêts végétaux dédiés au partage, la détente et la pédagogie.

D’acier corten principalement, et de bois occasionnellement, le mobilier urbain de forme simple s’inscrit discrètement dans son contexte urbain. Par sa couleur s’approchant de celle de la « grille », il donne ponctuellement du volume à cette dernière. Il confère une identité à l’espace public du Bourg et se déploie sous différentes formes selon la fonction que le lieu requiert.
Entre les pavés historiques, les nouveaux pavés de grès et l’enrobé, une trame de béton teinté vient régulariser l’ensemble afin de contraster avec la neutralité du sol et des bâtiments existants.

Le nouvel éclairage du quartier vise à harmoniser la lecture et l’attrait de son parcours nocturne.
Partant du constat que le Bourg jouit d’un environnement bâti homogène et de grande qualité architecturale, l’intention est de souligner les continuités spatiales qui s’y opèrent tout en caractérisant la vocation de chaque lieu.
Le Bourg se révèle ainsi au cours d’une gradation entre des séquences lumineuses homogènes dont les transitions sont marquées par des appels invitant à poursuivre sa déambulation.

Afin d’épurer les façades et se défaire des câbles de suspension, l’éclairage des rues se fait uniquement par des candélabres ou des appliques.
Quatre traitements sont ainsi employés pour mettre en valeur les composantes du Bourg suivant leur nature :
– Les rues résidentielles (Grand-Rue et Pierre Aeby) ainsi que les ruelles sont ponctuées de luminaires en applique qui délivrent une teinte chaude tamisée.
– Les façades des rues commerciales (Pont-Muré, Pont-Suspendu, Bouchers) sont également ornées des mêmes candélabres mais dans des tons légèrement plus vifs et nuancés par l’éclairage interne aux vitrines.
– Les places sont mises en valeur par des projecteurs qui produisent un halo homogène et diffus sur l’espace public.
– Le bâtiment articulateur de chaque place est mis en valeur par une lumière froide contrastante, attirant l’œil du passant.
La même lumière révèle également certains détails notables des façades, moulures, voûtes, fontaines, statues, bancs publics et autres éléments caractérisant le tissu urbain du Bourg.