Agora Vox

|  “Architecture par le vide” |  Parc urbain  |  Ecublens (Suisse) |  Atelier Marco Rampini |  2010  |

L’intervention urbanistique traitait de l’analyse et de la reconversion des terrains de sport de la Palaz (situés au nord de l’EPFL).

Zone laissée en l’état par le schéma directeur de l’Ouest Lausannois, il s’agissait de s’interroger sur son devenir en tant qu’espace vert.

Le site de la Palaz s’apparente à une enclave cerclée de divers obstacles successifs qu’il nous faut franchir pour y accéder : la rivière, les rails et les routes. Pour autant, cette configuration lui confère également un statut de pôle desservi sur toute sa périphérie : routes, métro et ponts permettent de se rendre sur le site tout le long de son pourtour.

A la fois étanche et perméable en divers accès, cette vaste étendue est donc à proximité et accessible par de nombreux moyens et à des populations diverses (résidents, étudiants, pendulaires, employés).

Il est rare que soit encore préservée une surface plane de cette superficie aux abords de zones d’habitations et d’activités urbaines, ce qui lui confère un caractère spatial et polarisateur visuel unique en regard du panorama éclectique de qualité qu’elle offre.
On peut en effet se confronter en son sein à des vues et atmosphères aussi diverses que lointaines : l’EPFL et l’UNIL aux allures industrielles, le village campagnard d’Ecublens et son clocher, les tours d’habitations de la Maladière, les massifs alpins enneigés au loin ainsi que les villas cossues émergeants de la colline du Haut Lausanne,…

La maquette interprétative révèle les accès, les pôles vecteurs de visiteurs (habitations, routes, arrêts de transports publics) ainsi que les différents parcours pédestres et trajectoires que les visiteurs peuvent emprunter, associés aux cônes de visons caractéristi-ques des vues qu’ils peuvent apprécier. A la fois, géographiquement plaque tournante et visuellement belvédère de l’Ouest Lausannois, le site de la Palaz pourrait revêtir de façon idoine le rôle d’Agora de la région, un carrefour aussi bien physique que social de l’Ouest Lausannois.

Le leitmotiv est donc de redynamiser et réhabiliter le site en faisant table rase de la structure rigide découlant des terrains de sport et de proposer une nouvelle organisation : une géométrie en « toile » qui s’accrocherait aux points d’entrée du site, dans laquelle se tisserait un réseau de parcours et se noueraient des places, points de rencontre des chemins et des visiteurs, sorte de mise en abyme du site lui même.

Ce parc d’évolution s’articulera donc sur la base de la mixité de ses programmes et de ses visiteurs et où gravitent des nœuds satellitaires de places, agencées spécifiquement en fonction de la vocation des aménagements interstitiels entre chemins : repos, isolement, sport, représentation, projection, promenade, etc.….

La place panoramique incarne le centre de gravité du parc, véritable théâtre à ciel ouvert sur l’Ouest Lausannois. La géométrie de ses cotés répond aux différentes vues caractéristiques des alentours et à la position d’observation idéale de celles ci.

Juchée sur un socle d’un mètre de hauteur, la place est accessible par des emmarchements sur toute sa périphérie. Elle intègre trois bâtiments communaux d’un étage (mairie, salle de fêtes, local de régie) accessibles sur le pourtour extérieur de la place. Les façades donnant sur la place sont dotées de gradins orientés vers le centre afin d’assister aux manifestations et spectacles organisés.

La cavité tampon du canal de dérivation est désormais surplombée par un jeu de passerelles qui se rejoignent en une plateforme ovoïdale.

Les bancs circulaires en béton font office de structure porteuse de cette dernière. La cavité en elle même est recouverte d’une végétation de type bambou qui bénéficie de l’humidité du milieu et dont la verticalité franche isole et confère une introversion au lieu.

La zone des alcôves est atteignable par deux percées dans la forêt dense qui débouchent sur des aires dégagées de repos/pique-nique.

L’aménagement de la topographie met directement en relation les promeneurs et les berges sablonneuses de la rivière dorénavant praticables.

La lignée d’arbre marquant autrefois l’axe distributeur des terrains de sport est conservée et voit maintenant sa grande hauteur confrontée avec une pergola plus basse qui serpente entre les arbres et 3 couverts triangulaires.

La pergola fait office de promenade et endosse le rôle de couvert complémentaire lorsque les deux grandes places revêtues de gravier abritent brocantes ou marchés sporadiques. La pergola s’achève à une de ses extrémités par une tour d’observation et se prolonge en vestiaires à l’autre extrémité jusque dans les terrains de sport nord dévolus à la pratique collective et en club (football et hockey sur gazon).

Les terrains de sport (basket et beach volley) au sud sont d’avantages dédiés à une pratique sportive dilettante, plébiscitée notamment par les étudiants.

La place triangulaire sud est le point de rencontre des chemins provenant de l’EPFL et de l’UNIL. Parsemée de kiosques et d’un écran d’affichage, cette place se destine à un espace d’exposition et de promotion des évènements et conférences relatives à la vie du pôle universitaire.

Dans la lignée d’une politique d’intrication et participation entre les parties existantes locales et ce nouvel espace vert, le petit parc incluant les bâtiments d’habitation de la route de la Maladière vient s’étendre jusque dans le grand parc. Les connexions d’origine sont prolongées et agrémentées de petites places (bac à sable, jeux d’échecs géants, bassin). Des jardins familiaux parcellaires soAnt également mis à la disposi-tion des résidents des immeubles du quartier.

De même, le cimetière subit une extension teintée d’influences méditerranéennes et dont l’agencement métaphorique est propice à la méditation et au recueillement.